Comme chacun le
sait, la guerre 14-18 fut une grande
boucherie, provoquant en France la mort de 1.4 million de soldats. Au début du
conflit, en août 1914, le Service de Santé des Armées Françaises, mal
organisé, doit faire face sur le
front à un afflux massif de
blessés. Le mot d’ordre est « d’emballer et d’évacuer » ;
les premiers soins font défauts et la mortalité est grande.
A l’arrière,
par contre, on s’organise rapidement. A Nantes, dès le 10 août, la préfecture sollicite
les communes du département afin de créer des hôpitaux auxiliaires pour
accueillir les blessés et les convalescents, et permettre ainsi le
désengorgement des grands hôpitaux nantais.
A
Vieillevigne, très rapidement, sous l’égide du curé Emmanuel Meignen et des
directeurs des écoles publique et privée, une proposition de création d’un
hôpital voit le jour. Cinquante lits sont mis à disposition dans l’école privée
des garçons. Sa situation près de la gare, facilite le transport des
convalescents par la ligne ferroviaire Nantes-Rocheservière. Appelé Ambulance
ou Filiale, cet hôpital N° 124 bis, dépendant dans un premier temps de
l’hôpital temporaire N° 6 de la Persagotière, puis de l’hôpital temporaire N°
25 de l’école nationale Livet, va accueillir environ 300 soldats blessés ou
convalescents, du 1er
septembre 1914 au 30 août 1917.
Les soins sont
assurés par le docteur Emile Gouin, non mobilisé en raison de son âge, aidé par
des religieuses dont la sœur Saint-Charles, l’infirmière en chef, et par des
auxiliaires bénévoles. Toute la commune concourt au bon fonctionnement de
l’établissement, procurant soit des biens matériels (meubles, draps,
linges, matériel de cuisine, bois de chauffage), soit des aliments (lait,
vin, beurre, légumes, fruits, etc.). Le ministère de la Guerre s’occupe de
l’encadrement militaire de ces blessés destinés à retourner au combat. La Croix
Rouge gère l’organisation et le financement. Le curé Meignen assure la
direction de l’hôpital, un temps aidé par l’abbé Bossard nommé
soldat-infirmier.
Ces soldats
convalescents ne restent pas inactifs, ils participent activement à la vie
paroissiale, organisant des soirées récréatives (cinéma, théâtre) afin de
financer les différents besoins de fonctionnement. Ils font la quête pour les
orphelins de guerre dans les communes des alentours. Ils prennent en charge la
formation militaire des jeunes conscrits des classes 1916 à 1918, lors de leur
retraite.
Une grande
solidarité a vu le jour autour de cet hôpital, si bien que nombreux sont les
soldats blessés, passés à Vieillevigne, à louer le bon accueil et les bons
soins qu’on leur a prodigués. De même, les autorités militaires vont témoigner
leur reconnaissance envers les différents intervenants et la communauté vieillevignoise.
La carte
postale ci-jointe matérialise cet épisode de notre histoire communale pendant
la Première Guerre Mondiale. On y voit les soldats blessés dans la cour de
l’école, et le drapeau de la Croix Rouge flottant près du portail d’entrée.
Dominique Tétaud
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